Patrice Kayo, for ever
Le rideau s’est refermé le samedi 10 juillet dernier sur le concert d’hommages qui ont suivi le rappel à Dieu de celui que le Professeur Jacques Fame Ndongo qualifiait à juste titre de Voltaire Camerounais.
Le Professeur Patrice Kayo, puisqu’il s’agit de lui, s’est éteint à Yaoundé le 27 mai 2021 à l’âge de 79 ans. Il aura marqué d’une empreinte indélébile l’histoire de la littérature camerounaise au sein de laquelle il occupe une place de choix. Il figure parmi les fondateurs de l’Association des Poètes et Ecrivains Camerounais (APEC) dont il a été l’un des premiers présidents.
En effet, cet enseignant émérite de littératures et civilisations du monde noir à l’Ecole Normale Supérieure de Yaoundé avait plus d’une corde à son arc. Il était avant tout poète, mais aussi fabuliste, essayiste, pamphlétaire et même romancier. Parmi ses écrits majeurs, on retient des titres comme :
Une gerbe ; Hymnes et sagesse, 1962 ; Paroles intimes, 1972 ; Tout le long des saisons, 1983) ; Anthologie de la poésie camerounaise de langue française ; Fables et devinettes de mon enfance ; Chansons populaires Bamiléké, 1983 ; Les sauterelles, 1986 ; Fables des Montagnes, 2013 ; Lettre ouverte à un roi Bamiléké ; Lettre ouverte aux élites Binam) ; Les fêtes tragiques (roman).
Ses succès littéraires lui ont valu, de son vivant, plusieurs distinctions dont Le Grand Prix des Mécènes en 2015 et le Grand Prix des Associations littéraires en 2018. Son recueil, Fables des Montagnes figure d’ailleurs au programme des élèves de 3e, dans l’enseignement secondaire au Cameroun.
Depuis sa retraite comme enseignant, il vivait entre son domicile principal à Yaoundé et sa résidence secondaire de Mbouo Bandjoun où il se consacrait à des activités politiques, touristiques et culturelles. Il s’agissait en effet d’un upéciste dans l’âme qui, plus par stratégie que par conviction, avait adhéré au Sdf, l’un des principaux partis d’opposition au Cameroun au sein duquel il a occupé le poste de coordonnateur départemental pour le Koung-Khi.
Sur le plan touristique et culturel, il était le promoteur d’un centre de loisirs situé à Mbouo , lequel comportait entre autre une librairie et une bibliothèque très fournie, ouverte aussi bien aux amateurs de lecture qu’aux chercheurs de toutes sortes. Il y donnait également des consultations pour les écrivains amateurs dont il se plaisait à lire et annoter les manuscrits.
Enfin, Patrice Kayo était un chercheur en plantes médicinales qui avait trouvé des antidotes contre plusieurs maux. On espère que les résultats de ces recherches ont été consignés et légués à la postérité comme son immense œuvre qui fait de lui un immortel.
Au total, le Cameroun perd en Patrice Kayo l’un des monuments de sa production littéraire et c’est dans un concert d’hommages que les artistes aux talents multiformes lui ont dit au revoir tant à Yaoundé qu’à Bandjoun, sans oublier les hommages académiques que la communauté universitaire lui a réservés.
Pierre Tabue