Il n’est jamais trop tôt pour entreprendre.
« Rien de grand ne s’est accompli dans le monde sans passion ». Cette citation de Friedrich Hegel reflète le plus les différents constats réalisés tout au long de mon parcours professionnel qui a démarré en 1992, alors que j’étais tout juste âgé de 23 ans. Aujourd’hui, fort de ce recul, je souhaite partager avec nos enfants, nos jeunes, quelques pans de ma réflexion.
Cette réflexion s’articule en 3 points :
- le contexte social et l’enseignement au Cameroun,
- les valeurs transversales qui sous-tendent toute réussite
- et enfin le métier, la profession, la vocation et donc l’orientation professionnelle à prendre le plus tôt possible.
Un contexte difficile
Sur le plan social, on estime qu’environ 75 millions de jeunes sont sans emploi dans le monde.
En Afrique et au Cameroun en particulier, on constate une augmentation de la population jeune et l’accès aux emplois décents devient de plus en plus préoccupant.
Au Cameroun d’après l’INS (Institut national des statistiques), le taux de chômage est de plus de 10% chez les jeunes. Ce taux triple pour les diplômés de l’enseignement supérieur, alors qu’il est d’environ 5% pour l’ensemble de la population active. Selon le même Institut, le taux de sous-emploi chez les jeunes est de 80% et globalement plus de 90% exercent dans l’informel. Il est par ailleurs dénombré 636.000 emplois permanents dans les 209.000 unités économiques exerçant au Cameroun.
Par ailleurs, nous savons aussi que l’enseignement supérieur camerounais (composé de ses 8 universités d’Etat et près de 300 instituts privés d’enseignements supérieur (IPES)) forme autour de 500.000 jeunes chaque année, qui vont se retrouver rapidement sur le marché du travail.
Le Groupement Inter patronal du Cameroun (GICAM) avait par ailleurs indiqué dans ses publications il y a quelques années qu’il y a autour de 100.000 jeunes qui sortent des universités annuellement et qui sont à la recherche d’un emploi.
Face à ce tableau, quels sont les leviers que peuvent utiliser nos jeunes pour tirer un meilleur parti de la situation ?
Les valeurs et le Travail.
Le premier défi auquel notre société est confrontée porte sur les valeurs. Ces valeurs sont la base de notre personnalité et donnent un sens qualitatif à nos actes ; en bref, il s’agit de notre savoir-être. Cette notion est valable aussi bien pour les jeunes dans leurs cursus scolaires que pour les plus âgés dans leur vie professionnelle.
« Votre attitude bien plus que votre aptitude mène à l’altitude », dit Zig Ziglar. Cette citation doit habiter tous les jeunes de notre pays. Ils doivent être attentifs à cette notion de savoir-être qui est la colonne vertébrale d’un succès vrai quel que soit le projet sur lequel ils sont.
Pour illustrer ces valeurs cardinales, je m’attarderai sur 02 principales : la discipline, l’humilité.
Concernant la discipline quel que soit le stade de sa vie, tout le monde doit être attentif à cette notion.
Il s’agit pour un jeune étudiant, d’être concentré sur ses études, de donner le temps, l’énergie et la dose de sacrifices nécessaires pour avoir de bons résultats. Il doit étudier avec sérieux, rendre ses devoirs dans les délais, être à l’heure aux cours, respecter les consignes et conseils de ses enseignants, de ses parents, etc.
En acquérant cette notion tôt, les jeunes seront préparés pour continuer avec cette culture de la discipline tout au long de leur vie. Ils auront plus de chance que ceux qui ne sont pas suffisamment attentifs à cette qualité fort importante pour le développement individuel et qui sont forcément toujours décelés dans votre environnement et suscite la confiance qui est un levier important dans toute activité professionnelle.
L’humilité est une qualité que les parents doivent inculquer aux enfants pour leur permettre d’être des hommes meilleurs dans leur vie, des managers bien plus performants. Jim Collins relevait déjà il y a plusieurs années sur la base d’enquêtes très sérieuses dans son best-seller « Good to Great ; Built to Last », que les managers qui ont réussi à bâtir des entreprises excellentes par leur performance dans le temps avaient en commun beaucoup d’humilité et de volonté personnelle. C’est pour cette raison que je trouve cette notion très importante, précisément dans notre environnement où nous claironnons souvent très fort et trop tôt, à la suite de nos micro-succès qui, malheureusement, sont en général de courte durée.
Nos jeunes doivent rester vrais, eux-mêmes, et ne pas se laisser entraîner par une quelconque folie de grandeur y compris lorsqu’on a d’excellents résultats scolaires comme c’est le cas pour ceux qui sont primés dans le cadre de cette célébration de l’excellence scolaire Fegu’ 2020 et 2021. Ils doivent toujours garder à l’esprit que le plus dur est à venir.
Bien choisir sa formation
Quant aux aspects liés aux choix de la formation, du métier, du travail et de sa vocation, je voudrais rassurer nos jeunes : Il s’agit de faire des choix !
Confucius disait dans une de ses citations : « Choisissez un travail que vous aimez et vous n’aurez pas à travailler un seul jour de votre vie ». Cette citation traduit parfaitement les bases sur lesquelles tout jeune doit choisir sa formation en y intégrant les contraintes de ses aptitudes intrinsèques, de ses capacités financières naturellement et enfin ses sensations profondes.
Plus tôt les orientations sont prises, plus tôt on a des chances de réussir. Le succès en général rime avec temps, expérience, persévérance et surtout succession d’échecs « formateurs ».
Pour moi, il n’y a pas de sous-métier, il n’y a pas différentes voies pour le succès. En effet, s’il est vrai que de bonnes et longues études sont susceptibles d’augmenter les chances d’une belle carrière professionnelle, il n’en demeure pas moins qu’aujourd’hui il est également important de choisir des formations qui sont en adéquation avec les besoins des entreprises.
Dans notre pays, pour certains métiers techniques précis, il nous manque des personnes qualifiées, à tel point que les entreprises sont amenées à importer des produits finis alors que ces produits pourraient être fabriqués au Cameroun et contribuer à créer de l’emploi pour nos jeunes diplômés.
Il arrive aussi que les entreprises, pour certains projets, soient amenées à importer de la main-d’œuvre étrangère en raison d’un déficit de compétences nationales. Pour illustrer ces propos, nous avons vu à certains moments des entreprises avoir recours à des soudeurs qualifiés venant de Malaisie par exemple pour travailler sur des projets ou encore des chinois, des indiens et bien évidemment des Occidentaux pour des positions d’encadrement.
La question de la modularité, de la différenciation me semble de ce fait indispensable et j’ai envie de dire à nos jeunes : apprenez à trouver des niches !
Le Gicam à ce propos dans le livre blanc de l’Economie Camerounaise publiée en 2020 a défini la boussole de développement de notre pays qui met une emphase sur 03 principaux piliers : l’Agrobusiness, l’Energie et le Transport. Ces piliers sont aussi intégrés dans la stratégie d’émergence du Cameroun à l’horizon 2035.
Enfin, sachez que tout travail bien mené quel que soit le niveau d’étude initial peut amener à un grand succès. Encore qu’en réalité, dans la vie professionnelle, on a toujours la possibilité de continuer à se former. Cela est même indispensable dans un monde où les besoins des entreprises changent de plus en plus vite, afin de pouvoir rivaliser avec la concurrence qui est de plus en plus vive et présente dans un monde de plus en plus global.
Trouver sa vocation
Avoir l’esprit ouvert et développer la pratique
Il faut se rapprocher des entreprises pour commencer à faire différents types de stage. C’est à ce moment que les jeunes ont l’opportunité de découvrir le monde de l’entreprise et peut-être y trouver leurs vocations. C’est que nous faisons dans mon entreprise par devoir et surtout dans l’esprit de mettre en pratique cette pensée d’Emmanuel Kant qui disait : « La théorie est absurde sans la pratique et la pratique est aveugle sans la théorie ». Ces prises de stage chez nous sont perçues comme un acte de responsabilité, sociale, sociétale et environnementale. C’est pourquoi nous mettons un point d’honneur à accepter autour de 20 stagiaires chaque année.
Avoir un modèle pour repère
Il est vrai que les jeunes peuvent trouver leurs voies en s’intéressant au travail de leurs parents respectifs. Les enfants par cette voie apprennent un métier sans le vouloir parce qu’ils ont des maîtres qui les forment indirectement, leur transmettent au jour le jour leur savoir-faire et leur passion et font d’eux des personnes qui ont une avance considérable sur ceux qui ne bénéficient pas d’une telle proximité. J’en ai moi-même bénéficié et c’est ce qui a fait de moi un entrepreneur dans ce métier du plastique et surtout un passionné de l’entreprise.
Toutefois, il faut noter qu’il y a d’autres chemins pour « arriver à Hiala » pour les jeunes qui se retrouvent pendant un temps sans parent exerçant un métier convenable. Une vocation peut en effet aussi jaillir d’un modèle, d’un héros qui inspire et qui sert de mentor même s’il n’y pas toujours de contact direct entre les deux personnes.
D’où ce besoin de toujours ouvrir son esprit via la lecture, le cinéma, la télévision, les rencontres afin de trouver des idées pour trouver sa voie.
En conclusion j’aimerai rappeler à nos jeunes que Barack OBAMA, homme noir d’origine africaine a été président des USA, le pays le plus puissant du monde à l’âge de 48 ans. Son slogan de campagne était « Yes We Can » et vous, sachant que vous devez décider maintenant de votre futur, que dites-vous ?
Emmanuel WAFO
Chef d’Entreprise
Président CEPEB
Président de la Commission Economie et développement de l’Entreprise au Gicam